Article rédigé avec la contribution de Jordy Stefan, chargé de Recherche ASKORIA, Docteur en psychologie, expert dans les liens nature et santé.

NATURE VIRTUELLE, BIENFAITS RÉELS

La nature, sous toutes ses formes y compris les plus inattendues, apporte de nombreux bienfaits à l’humain !

Quand il est difficile d’installer de la vraie nature en intérieur, pour des raisons sanitaires ou d’entretien, les photographies sont la meilleure alternative pour profiter de ses bienfaits ! Différentes études scientifiques menées depuis le début des années 1980 démontrent des effets bénéfiques de la nature sur la santé, dans différentes situations actives ou passives : l’immersion dans une forêt, la pratique du jardinage, et plus simplement, la stimulation visuelle d’une vue nature par une fenêtre et plus surprenant, la vue de « nature virtuelle » via des photographies ou des vidéos.

Principales

conclusions

Plusieurs études ont traité le sujet de l’influence de la nature virtuelle sur le système nerveux autonome (cf encadré) sous 2 angles (comparaisons vraie nature / nature virtuelle   ;  nature virtuelle).

Il ressort que les effets de la nature réelle sont les plus probants.

Toutefois, la nature virtuelle a des effets positifs sur le stress, l’anxiété, le bien-être, les émotions positives et négatives, et la douleur. L‘attractivité de la salle ou le taux de satisfaction des patients sont également positifs. De même, la nature présentée influence les résultats. Il semblerait qu’une nature ‘sauvage’ a un plus grand effet qu’une nature travaillée par l’humain.

La dimension de la photographie est aussi un des critères intervenant dans ses effets. Le support photographique semble être plus avantageux que le support vidéo.

Le système nerveux autonome (ou végétatif)

Le système nerveux autonome (ou végétatif) régule tous les processus corporels se produisant automatiquement tels que la circulation sanguine (fréquence cardiaque, pression artérielle), la respiration, la digestion, le maintien de la température …
Il est composé de 2 sous-ensembles qui s’activent alternativement :
– Le système nerveux sympathique prépare l’organisme à l’action (en réponse à un stress) ;
– Le système nerveux parasympathique sert de régulation et régénération, amenant à un état de relaxation.

1/ Travaux comparant la présence de vraie nature  par rapport à la présence de nature médiatisée.

  • Coleman et Mattson (1995) proposent trois types de stimuli à des étudiants : face à un tabouret en métal (condition de contrôle), à une véritable plante verte, à une photographie couleur grandeur nature d’une plante verte. Une mesure de stress est effectuée via la température corporelle de la main non dominante. Les auteurs enregistraient pendant 20 minutes l’évolution de la température des mains. Les résultats montrent une baisse de 38% du stress des participants dans les conditions véritable nature et nature médiatisée. Cette baisse n’est que de 23% en condition contrôle.
  • Kahn et al. (2008) invitent, contre une compensation de $20, des étudiants dans une salle au sein de leur université. La salle est préparée selon trois conditions expérimentales : salle neutre, rideau tiré devant la fenêtre (condition de contrôle) ;  rideau de la fenêtre enlevé  vue sur nature ;  fenêtre cachée – un écran diffusant en direct la vue que l’on devrait avoir via la véritable fenêtre. Les étudiants étaient invités à faire quatre tâches. Une mesure du rythme cardiaque est effectuée afin d’établir quel milieu offrait une meilleure récupération. Les auteurs obtiennent une différence significative (p=.045) entre la condition contrôle et la condition vraie fenêtre. Aucune différence n’est établie entre la condition contrôle et la condition écran (p=.955). Ils observent également le temps de regard durant l’heure : vraie fenêtre (622 secondes), fenêtre virtuelle (491,5 secondes), rideau seul (55,5 secondes).
  • Beukeboom, Langeveld, et Tanja-Dijkstra. (2012) réalisent une étude de comparaison d’exposition à la nature dans une salle d’attente : en condition habituelle (condition contrôle de l’étude), présence de plantes vertes, présence d’une photographie de plantes. Une mesure de stress est effectuée (STAI) ainsi qu’une mesure d’attractivité de la pièce. On peut observer que les vraies plantes et les photos produisent les mêmes effets sur les mesures de stress et de jugement d’attractivité de la pièce.

2/ Travaux utilisant uniquement la nature médiatisée.

Type de paysage (naturel, urbain. nature urbaine, nature banale, nature exceptionnelle)

  • Ulrich et al. (1991). Le protocole est le suivant : les participants visionnent un film en couleur avec le son. Trois types d’environnements dans le film sont aléatoirement proposés aux sujets, soit l’environnement est naturel (arbres), soit il s’agit d’un environnement urbain avec circulation automobile, et dans une dernière condition un environnement urbain piéton est proposé. Lors du film, un évènement stressant apparaît. Les chercheurs veulent mesurer la récupération à un élément stressant. Le milieu naturel a des effets bénéfiques notamment sur la peur, la colère. Pour les mesures de stress, tous les indicateurs montrent une meilleure récupération lors du film contenant un environnement naturel que lors des deux autres films.
  • Brown, Barton, et Gladwell (2013). Les participants sont exposés à une série de photographies (nature vs urbain) ; un élément stressant est introduit.  Les mesures des variations cardiaques montrent des effets positifs de l’exposition à des scènes de nature. Une mesure de l’estime de soi est également réalisée. Les résultats montrent un effet d’interaction allant dans le même sens que pour les variations du rythme cardiaque.
  • Van den Berg (2016). 46 étudiants universitaires ont été équipés de capteurs pour surveiller l’activité électrique de leur cœur. Des photos de nature parc urbain) ou d’environnements urbains ont été présentés sur un écran d’ordinateur avant et après une tâche de résolution de problèmes de mathématique, élément de stress. Les résultats soutiennent une plus grande récupération après avoir regardé des scènes de nature.
  • Matthew (2021). Soixante-seize patients (47 en chambre contenant des images de nature, 29 en condition témoin) en réadaptation physique dans une unité de réadaptation cardiorespiratoire ont rempli des questionnaires évaluant leur perception de leur chambre et divers indices de satisfaction des patients. La conclusion indique que la présence d’images biophiliques de la nature dans les chambres d’hôpital a eu un effet significatif sur l’évaluation des chambres des patients et a influencé positivement les indices de satisfaction des patients.
  • Agnieska (2018). Les travaux portent sur la différence d’influence entre une paysage dit contemplatif et un paysage non contemplatif (travaillé par l’humain). Trente-deux personnes en bonne santé (12 femmes) ont participé à l’étude.  Au cours du protocole expérimental, 32 participants ont été invités à visualiser passivement 12 paysages, six contemplatifs, six non contemplatifs. les résultats démontrent que les paysages contemplatifs génèrent une plus grande restauration de l’attention (théorie de la restauration de l’attention).
  • Joye (2015).  L’étude portait sur les différences d’effets entre une nature banale et une nature exceptionnelle. les 215 participants ont été exposés à un diaporama décrivant soit une nature impressionnante, soit une nature banale, soit des images neutres. Les analyses ont révélé que le fait de regarder des scènes et des phénomènes naturels impressionnants avait des effets émotionnels uniques, déclenchait la plus grande amélioration de l’humeur et conduisait à une plus grand prosocialité. Si cette nature est moins vraisemblablement moins accessible, une exposition même brève à ces images génère des effets significatifs.

Autre étude. Art vs nature.

  • Nanda (2010). Les travaux ont pour objet de comparer l’influence de photographies de nature ou d’art sur le bien-être des patients psychiatriques dans un salon multifonctionnel d’une unité psychiatrique de soins actifs. Le bien-être a été mesuré par le taux de médicaments pro re nata (PRN) délivrés par les infirmières en réponse à des signes visibles d’anxiété et d’agitation des patients. Le ratio PRN/recensement des patients était significativement plus faible les jours où une photographie réaliste de la nature était affichée, par rapport à la condition témoin (pas d’art) et à l’art abstrait. Les résultats de la recherche se sont également traduits par le temps et l’argent investis dans les incidents PRN, et des économies annuelles de près de 30 000 $US par an ont été prévues.

Type de media virtuel (photo, vidéo)

  • Mostajeran (2021). Les travaux ont pour objectif de comparer l’exposition à une forêt et à un environnement virtuel urbain en termes d’impact respectif sur l’humeur, le stress, les réactions physiologiques et la cognition. Les environnements ont été présentés par l’intermédiaire d’un écran monté sur la tête sous forme de (1) diaporamas photo conventionnels ou (2) 360∘ Vidéos. Les résultats montrent que l’environnement forestier a eu un effet positif sur la cognition et l’environnement urbain a perturbé l’humeur quel que soit le mode de présentation. De plus, les photos de l’environnement urbain ou forestier étaient toutes deux plus efficaces pour réduire l’excitation physiologique que 360∘ Vidéos.

Dimensions

  • De Kort, Meijnders, Sponselee, et Ijsselsteijn (2006) s’interrogent sur l’influence de la taille de l’écran sur les effets produits de la nature médiatisée. Ils comparent un écran de 31’’ à un écran de 72’’ lors de la diffusion d’un film de nature, où se produit un événement stressant. Différentes mesures sur le stress sont effectuées (niveau de conduction de la peau, intervalle entre les pulsations cardiaques) ainsi qu’une mesure des affects. Les résultats montrent un effet d’interaction (p=.03) entre la phase et le type d’écran au niveau de la conduction de la peau.

UN INTÉRÊT A CHAQUE ÉTAPE DU PARCOURS PATIENT

SALLE D’ATTENTE

> Baisse du niveau de stress. (études scientifiques : Beukeboom, Langeveld, et Tanja-Dijkstra, 2012 ; Audirac, 2017)

Un patient plus détendu, c’est un soignant pouvant pratiquer avec une plus grande sérénité et concentration.

EXAMEN

> La nature détourne l’attention du patient. La tolérance à la douleur est plus grande, l’anxiété est moindre. (Diette, 2003)

Le soignant se voit également satisfait de voir son patient moins souffrir.

CHAMBRE

La période post-opération peut s’avérer difficile (douleur physique, inconfort, isolement de la famille et des amis, peur des procédures médicales, équipement hospitalier et environnement « froid »).

> La vue de nature est considérée comme une distraction positive efficace (augmentation des sentiments positifs, baisse des pensées inquiétantes et du stress (Ulrich, 1992)).

> Elle génère également une réduction de la douleur, du besoin d’analgésiques et une récupération plus rapide (Diette et coll., 2003; Park et coll., 2004; Ulrich, 1984).

> Enfin, la présence d’images biophiliques de la nature dans les chambres d’hôpital ont un effet significatif sur l’évaluation des chambres des patients et a influencé positivement les indices de satisfaction des patients. (Matthew, 2021)

UN INTÉRÊT AUSSI POUR LE PERSONNEL !

BUREAU

SALLE DE PAUSE

ESPACE DETENTE

Le bien-être du personnel est devenu une priorité des Directions RH comme en témoignent la création de nombreuses salles de détente.

> La présence de nature offre un cadre de travail convivial. Elle agit sur le niveau de stress et aussi sur la restauration de la concentration, indispensable pour exercer et prendre les décisions qui s’imposent aux équipes !

> Créer un environnement naturel, c’est également un terrain favorable à l’engagement des équipes dans les démarches développement durable initiée par les Directions des établissements ! (cf. amnésie environnementale)

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