Escapade nocturne avec Sterenn Poupard

 

La nature vit aussi la nuit

Qui êtes-vous ? Quels sont vos liens à la région ?

Je suis Sterenn POUPARD ! Juriste en droit de l’environnement de formation, j’ai toujours été passionnée par la biodiversité et convaincue de la nécessité de la préserver. C’est en poursuivant ce chemin-là que je suis arrivée dans la Région Sud pour travailler dans les Alpes-Maritimes au sein de la Réserve Internationale de Ciel Etoilé (RICE) Alpes Azur Mercantour. Au sein de ce territoire, sur lequel la préservation de la vie la nuit est au cœur des préoccupations, j’ai réellement trouvé du sens à mon travail du quotidien.

crédit photo : Anthony Turpaud (aturpaudfoto.com) – Gorges de Daluis sous un ciel étoilé (06)

photographie intégrée dans la série offerte aux hôpitaux.

La nuit vibre de vie

Quand on pense à la biodiversité, on pense d’abord à tout ce qui grouille, qui vit la journée. En travaillant sur le territoire de la Réserve Internationale de Ciel Étoilé, je me suis rendue compte à quel point la nuit vibrait de vie.

La biodiversité ne se découpe pas en biodiversité diurne ou nocturne, et d’innombrables interactions existent entre nuit et jour. C’est simplement qu’on la connaît moins et qu’on a moins l’occasion de la côtoyer et de la découvrir.  

Cela dit, la nuit est l’un des derniers refuges de calme, de silence tant pour les animaux qui vivent la journée que la nuit ! Et cette nuit doit être noire.

La vie nocturne est tout bonnement fascinante.

Rappelons d’ailleurs que de très nombreuses espèces vivent la nuit. Sur le territoire de la Réserve Internationale de Ciel Etoilé (RICE), nous avons la chance d’avoir des animaux incroyables, comme la Chouette de Tengmalm, un somptueuse petit rapace nocturne ! Mais également une espèce endémique, le Spélerpès de Strinati qui ne vit que par chez nous et un peu sur le territoire limitrophe italien. Sans parler de la variété de papillons nocturnes, aussi colorés que majestueux, qui peuple nos vallées.

L’air de rien, une marche discrète sur les sentiers des cœurs de la RICE (la Vallée de l’Estéron et la Réserve biologique de Cheiron, la Réserve naturelle régionale des gorges de Daluis et une partie du cœur du parc national du Mercantour) permet de s’immerger dans ce monde fantastique, plein d’odeurs et de ressentis profonds. Plus on est silencieux, plus on est susceptibles de croiser un cerf, un renard, un blaireau… d’apercevoir des chauves-souris, ou des vers luisants d’entendre des hululements.

Osons la nuit ! A condition d’être évidemment chaudement équipés, avec une lampe frontale à lumière rouge de préférence et sur les sentiers ! En veillant à être discrets pour en pas importuner la faune environnante 😉.

crédit photo : © C. ROBION

crédit photo : ©Réserve naturelle régionale des Gorges de Daluis

Connaitre, s’émerveiller

Les menaces qui pèsent sur la nuit sont multiples, mais tiennent quand même essentiellement aux pollutions lumineuse et sonore. Et ces pollutions sont aussi méconnues que dangereuses, car pernicieuses, progressives et relativement discrètes.

Il est indispensable que le grand public découvre et s’émerveille des animaux nocturnes, car plus on connaît quelque chose, plus l’envie nous vient de le protéger.

Quand les hérissons et les lucioles sont menacés d’extinction, une part de rêve s’éteint. Quand les insectes meurent par millions chaque année sur les lampadaires et que les migrations des oiseaux sont perturbées par les halos lumineux des villes, on ne peut rester insensibles !

Adapter la lumière et opter pour la discrétion la nuit nous permet de nous immerger dans un monde merveilleux, illuminés par les étoiles et la lune.

Adapter la lumière, c’est en réduire la quantité, en changer la température de couleur et opter pour du jaune/orangé, l’orienter vers le bas et l’éteindre, dès que possible.

La biodiversité est précieuse. Nous en dépendons. Nous offrir les plaisirs d’une nuit étoilée, à l’écoute des rapaces nocturnes, des renards, sous une farandole de lucioles n’a pas de prix.

Quel message voulez-vous transmettre ?

Il est grand temps de rallumer les étoiles ! , Guillaume Apollinaire.

Et pour cela, il faut éteindre la lumière.

Votre plante ou animal “coup de cœur” de la région ?

Les lucioles.

Je n’en avais jamais vu avant de venir ici, et je continue de rencontrer chaque jour des gens qui n’en ont jamais vu. C’est un des animaux les plus fascinants que j’ai pu voir la nuit.

Nature verte ou nature bleue ?

Quelle est votre plus belle escapade émotionnelle ?

Les deux, puisqu’on est très chanceux d’avoir la nature bleue d’un côté et verte de l’autre ! C’est tout de même la particularité exceptionnelle des Alpes-Maritimes.

Ma plus belle escapade émotionnelle fut la rencontre avec une tribu de renardeaux dans la Réserve naturelle régionale des gorges de Daluis, par ailleurs zone cœur de la RICE. Ils piétinaient des branchages et des feuilles mortes en essayant d’être discrets… Ils m’ont fait prendre conscience que la nuit n’est pas aussi silencieuse qu’on pourrait le croire.

Le label “Réserve Internationale de Ciel Etoilé” (RICE)

est décerné par Dark-Sky International, association basée aux Etats-Unis. Il récompense une qualité de ciel nocturne exceptionnelle et l’engagement des communes à mener des actions de réduction de la pollution lumineuse.

La Communauté de communes Alpes d’Azur, le Parc naturel régional des Préalpes d’Azur et le Parc national du Mercantour se sont associés au Département des Alpes-Maritimes pour l’obtention de ce label. Récompensé, le territoire a ainsi rejoint en décembre 2019, le club très fermé des territoires qui protègent leur ciel :

>  14ème RICE dans le monde ;

>  3ème de France après la RICE du Pic du Midi de Bigorre (2013) et la RICE des Cévennes (2018), rejoint depuis par > la RICE des Millevaches (2021) et la RICE du Vercors (2023) ;

> 1ère dans le sud-est.

 

En savoir +, cliquez ici.

Partons en escapade avec …

La Sainte-Baume, par Denis Caviglia

La Sainte-Baume, par Denis Caviglia

Escapade "grand format" avec Denis Caviglia   La Sainte-Baume s'est imposée à moi Qui êtes-vous ? Quels sont vos liens à la région ? Né à Marseille, je porte un lien très fort à la région Sud...

Retour vers la page de l’opération

ESCAPADE EMOTIONNELLE