Escapade “grand format” avec Denis Caviglia
La Sainte-Baume s’est imposée à moi
Qui êtes-vous ? Quels sont vos liens à la région ?
Né à Marseille, je porte un lien très fort à la région Sud où j’ai toujours résidé depuis, habitant actuellement près de Gémenos, au pied de la Sainte Baume.
Je suis photographe professionnel depuis l’âge de 24 ans et désormais pluriactif car apiculteur depuis 6 ans, mon rucher « Le Rucher de Fontblanche » étant implanté dans la forêt de Fontblanche à Roquefort la Bédoule.
J’ai toujours exercé mes métiers par passion et suis venu à la photographie par envie de retranscrire la beauté de la Nature, que je me plais à révéler, telle qu’elle se montre à nous dans son authenticité, lors de moments de grâce où elle est magnifiée par des lumières délicates et fugaces.
C’est la photo qui m’a conduit à l’apiculture, grâce à un reportage réalisé pour des amis apiculteurs qui m’ont initié à leur passionnant métier, et fait découvrir le mode de vie de la société des abeilles. Cette société de 50 000 petits êtres, sans souverain ni hiérarchie, demeure pour l’homme depuis des millénaires un modèle d’efficacité et de sobriété et nous délivre une grande leçon d’altruisme, le groupe étant plus important que l’individu. Ce sont des valeurs qui me touchent et me correspondent.
L’association biodiversanté remercie Denis Caviglia pour le prêt de la photographie du Pic de Bertagne intégrée dans la série officielle offerte aux hôpitaux.
extraite de l’ouvrage “La Sainte-Baume, une porte vers le sublime”.
Comment le Massif de la Sainte-Baume s’est imposé à moi
Du plus loin que mes souvenirs me portent, mon père me faisait rêver en me racontant régulièrement ses randonnées sur le massif de la Sainte-Baume. Les circonstances de la vie ont fait qu’il n’a jamais pu m’y emmener.
Bien des années plus tard, devenu photographe, j’ai souhaité m’inspirer de ces souvenirs familiaux, d’un massif resté pour moi mystérieux et mythique, et en parcourir inlassablement les chemins, pour mieux apprivoiser ce lieu à la fois proche et multiple, et en révéler la beauté à mon petit-fils Fabio, dans une volonté de partage et de transmission.
Je produisais à ce moment-là des reportages paysagers et humains dans les pays scandinaves et lointains pour l’agence Hémis : La Suède, La Norvège, La Finlande, pays où les landes, collines et falaises sauvages sont nombreuses, et où les lumières et les contrastes sont extraordinaires. L’idée m’est venue qu’il était possible de trouver ici, tout près de chez moi, des zones encore vierges et d’y réaliser des clichés impactants.
Malgré la proximité de grandes villes, le Massif de la Sainte-baume correspondait en tout point à ce projet.
Au nord, la partie humide où la forêt primaire domine. Le Sud plus méditerranéen. L’Est et l’Ouest gorgés d’eaux et de rivières. Ce massif, haut lieu spirituel avec la grotte de Marie-Madeleine et son sanctuaire, ainsi que son extraordinaire forêt primaire relique, demeure un lieu très « vibratoire », on s’y sent comme intégré, faisant partie du grand tout, quelle que soit la confession ou spiritualité. Certaines zones dans le monde me font cet effet, celle-ci en fait partie.
Il me fallait donc prendre mon temps, me renseigner, repérer les endroits, calculer les meilleurs moments. Et surtout attendre. Attendre la bonne lumière, le bon contraste.
Pour ce travail passion, j’ai choisi d’utiliser une chambre photo grand format 20 x25 cm. C’est un matériel très technique, à la mise en place longue, sans aucun automatisme, très lourd, 10/15 kg avec les accessoires. On ne prend que quelques clichés par jours.
Souvent, les temps d’expositions étant très longs, parfois plusieurs minutes, il faut replier le matériel, car le vent ou la pluie se mettent de la partie. Mais une fois les pellicules développées, le résultat est à la mesure des efforts fournis :
des couleurs délicates et variées, des contrastes étonnants, des détails foisonnants, un « piqué » jamais atteint par des appareils plus petits.
Au fil des années et de mes reportages étalés sur 15 ans, j’ai réuni assez d’images de grande qualité pour réaliser deux livres d’arts sur la Sainte Baume dont le deuxième est toujours disponible à la vente sur mon site internet deniscaviglia.com et une exposition photographique disponible pour les collectivités, associations et galeries disposant d’une salle aux dimensions suffisantes pour exposer une trentaine de tirages photographiques.
Quel message voulez-vous transmettre ?
La Nature, immuablement belle, apaisante et ressourçante, se révèle à qui sait prendre son temps ; apprenons à nos enfants à l’observer et la parcourir, afin que la beauté demeure à portée de leurs pas.
Votre plante ou animal “coup de cœur” de la région ?
Ma plante préférée. Il s’agit de l’Asphodèle cerise.
Cette plante recouvre le massif au printemps. Son aspect se modifie tout au long des semaines. D’une tige sèche au tout début, une nouvelle apparait, se développe, grandit, de jolies fleurs blanches les recouvrent petit à petit, puis de petites boules de fruits vertes, qui vont se brunir au fur et à mesure, devenir de plus en plus dures, presque du bois !
C’est une plante fascinante que l’on voit vivre et se transformer au cours des semaines.
Nature verte ou nature bleue ?
Quelle est votre plus belle escapade émotionnelle ?
Genèse de ma photographie « le gour enneigé »
28 janvier 2010, 7h30.
Il fait très froid sur le pic de Bertagne. Un petit vent glacial me fige. La main droite engourdie, crispée sur le déclencheur, j’attends.
Quelques secondes encore et le soleil va poindre à l’horizon. Une palette de gris, de bleus, de violets et d’orangés va éclore de la nuit. La beauté et l’harmonie enfin réalisés.
Deux ans déjà que j’attends cet instant. Deux ans depuis le premier repérage. Deux ans pour que les conditions idéales soient réunies. La neige est tombée la veille, mais pas trop. Beau temps clair. Vent léger.
Tout est en place depuis une heure. Vingt kilos de matériel qu’il a fallu porter, assembler, régler à la lampe électrique.
Le soleil enfin dépasse la ligne brune de l’horizon. Il est temps : le déclic sec de l’obturateur claque dans le silence ouaté, l’image enfin va naître, le plaisir est immense.
Un acte d’amour. Oui, c’est ça, à chaque fois un acte d’amour.
Je viens de percevoir combien les formes, les couleurs et mes sentiments s’unissent dans ces instants attendus.
La nature se révèle et se donne, j’en suis tout ému.
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