Prise de conscience planétaire

La Conférence de Rio de Janeiro (Brésil) en 1992 appelée également « Sommet de la Terre a permis de mettre sur le devant de la scène les véritables enjeux. Pour la première fois à l’échelle planétaire, des scientifiques multi-horizons (écologie, sciences sociales, économiques…) se sont réunis pour partager autour du lien existant entre l’espèce humaine et la nature, de la préoccupation de conservation de la diversité du vivant et de la nécessité de pouvoir continuer à en exploiter les ressources (en termes économique, social, alimentaire…) de façon durable. 10 ans plus tard, en 2002, lors du sommet de Johannesbourg, l’importance des services rendus par la biodiversité est reconnue. La biodiversité apparaît comme l’assurance vie de la vie elle-même.

La parole à … Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU

A l’occasion de la Journée internationale de la diversité biologique, le 21 mai 2021 :

 « Nous sommes confrontés à une triple urgence – perte de biodiversité, perturbation climatique et pollution croissante. Nous épuisons les ressources plus rapidement que la nature ne peut les reconstituer ». Donnant le coup d’envoi de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, il a affirmé que la planète était en train d’atteindre rapidement un « point de non-retour. » 

Et de poursuivre à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement, le 5 juin :

« Nous ravageons les écosystèmes mêmes qui sous-tendent nos sociétés. Notre dégradation du monde naturel détruit la nourriture, l’eau et les ressources nécessaires à la survie, et compromet déjà le bien-être de 3,2 milliards de personnes, soit 40% de l’humanité. Mais heureusement, la Terre est résiliente et nous avons encore le temps de réparer les dégâts que nous avons causés. »

« En restaurant les écosystèmes, nous pouvons conduire une transformation qui contribuera à la réalisation de tous les objectifs de développement durable (ODD). Accomplir ces choses ne protégera pas seulement les ressources de la planète. Cela créera des millions de nouveaux emplois d’ici 2030, générera des revenus de plus de 7.000 milliards de dollars chaque année et contribuera à éliminer la pauvreté et la faim ». Source : ONU.

“Nous sommes confrontés à une triple urgence : perte de biodiversité, perturbation climatique et pollutions.”

Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU.

Les Objectifs de Développement Durable de l’ONU

Le 1er janvier 2016, les 17 Objectifs de développement durable (ODD) intégrés à un plan d’actions sont officiellement entrés en vigueur. Les dirigeants mondiaux ont convenu que ce plan d’action contribuera à rendre le monde meilleur d’ici 2030.

Chacun des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), regroupe des cibles liées entre elles, conduisant à adopter une démarche véritablement transversale. Ils constituent un langage universel et un cadre d’actions qui permettent à tous les acteurs d’agir pour le bien commun. L’appel s’adresse aux gouvernements, aux entreprises, à la société civile et à la nouvelle génération. Il faut bien comprendre que la démarche nécessite une approche globale, car les ODD sont interreliés entre eux. Ils couvrent l’ensemble des enjeux sociaux, environnementaux et de développement, au « Nord » comme au « Sud ».

Pour les sujets santé et biodiversité, 3 objectifs en lien avec le mémoire sont clairement identifiés :

  • ODD 3 : SANTE – permettre à tous de vivre en bonne santé et de promouvoir le bien-être de tous à tout âge. « Tout le monde a droit aux soins médicaux, doit pouvoir faire du sport et être en bonne santé, Peu importe le lieu où l’on réside, son âge ou son état de santé. » La dégradation de l’environnement, l’érosion de la biodiversité, le changement climatique et les émissions de polluants dans l’air, l’eau et le sol ont un impact de plus en plus marqué sur la santé humaine ;

  • ODD 14 : VIE MARINE – Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable. Les océans recouvrent en grande partie notre planète et offrent à la biodiversité la majeure partie des espaces de vie. Aujourd’hui, plus de 3 milliards de personnes doivent leurs moyens d’existence à la biodiversité marine et côtière, qui leur permet de se nourrir ou de développer des activités économiques ;

 

  • ODD 15 : VIE TERRESTRE – Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité.

La Vision 2050 “Vivre en harmonie avec la nature “

Est le nom du plan adopté en octobre 2010 par les Parties de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) pour que « d’ici à 2050, la diversité biologique soit valorisée, conservée, restaurée et utilisée avec sagesse, en assurant le maintien des services d’écosystèmes, en maintenant la planète en bonne santé et en procurant des avantages essentiels à tous les peuples. » Le plan stratégique pour la période 2011-2020 signé par les quelque 190 pays membres de la CDB comprenait 20 actions regroupés en 5 buts, les « Objectifs d’Aichi » ; actions pour la plupart ayant intégré les ODD. Le 5ème rapport sur les Perspectives mondiales de la diversité biologique (GBO-5) publié mardi 15 septembre 2021 par l’ONU indique qu’aucun objectif n’a été atteint. Un nouveau plan a été dressé par les Etats membres, à Kunming (Chine) en octobre 2021, à l’occasion de la première partie de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (composés de 3 réunions dont la COP 15). Lors de la 2ème phase, en mai 2022, les pays devraient adopter le cadre mondial de la biodiversité.

One Health, What else !

Le concept « One Health » ou « une seule santé » en français, est mis en avant depuis le début des années 2000, avec la prise de conscience des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global. Il vise à promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires.

Il s’est vu véritablement officialisé en 2010 à l’occasion de la signature tripartite d’un accord entre l’OMS (Organisation mondiale de la santé), l’OIE (Organisation mondiale de la santé animale) et le FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Ces 3 organismes et le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement) ont créé en 2020 un conseil d’experts de haut niveau sur « One Health » regroupant vétérinaires, médecins, écologues.

Voici quelques exemples de sujets traités en France par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) :

  • L’étude des zoonoses, maladies transmises de l’animal à l’homme : grippes du porc et aviaire, brucellose, tuberculose, coronavirus… ;
  • Les facteurs environnementaux pesant sur la santé des abeilles, insectes jouant un rôle déterminants à hauteur de 80% sur la pollinisation, et donc sur la sécurité alimentaire ;
  • L’antibiorésistance, qui concerne à la fois les animaux d’élevage et l’homme et peut être étendue à la résistances aux autres anti-infectieux ;
  • La propagation d’insectes vecteurs de maladies pour les végétaux à cause du changement climatique.

Les démarches en France

D’après l’article 1er de la charte de l’environnement (2004) annexée à la constitution française, « Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ».

Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages  Source : écologie.gouv.fr

Cette Loi promulguée le 9 août 2016 a inscrit l’objectif de réduire à zéro la perte nette de biodiversité.

Le Plan biodiversité vise à mettre en œuvre cet objectif, mais aussi à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité. Il a vocation à renforcer l’action de la France pour sa préservation et à mobiliser pour la première fois des leviers pour la restaurer lorsqu’elle est dégradée. Sa réussite implique une intégration de l’enjeu biodiversité dans l’ensemble des ministères et des politiques sectorielles, pour une cohérence renouvelée de l’action publique, dotée de moyens à la hauteur de son ambition. Il est structuré en 6 axes stratégiques :

  • Axe 1 – Reconquérir la biodiversité dans les territoires ;
  • Axe 2 – Construire une économie sans pollution et à faible impact sur la biodiversité ;
  • Axe 3 : Protéger et restaurer la nature dans toutes ses composantes ;
  • Axe 4 : Développer une feuille de route européenne et internationale ambitieuse pour la biodiversité ;
  • Axe 5 : Connaître, éduquer, former ;
  • Axe 6 : Améliorer l’efficacité des politiques de biodiversité.

Plan National Santé Environnement

Le Plan National Santé-Environnement (PNSE) vise à déployer un programme d’actions de nature à prévenir ou à soigner les atteintes environnementales à la santé humaine.

Le PNSE a été inscrit en 2004 dans le Code de la Santé Publique (article L.1311-6), suite aux conférences interministérielles de Londres (1999) et Budapest (2004). Depuis, la France élabore tous les cinq ans un nouveau plan ; démarche qui place la Pays comme un des états européens les plus investis. Les plans sont co-pilotés par les ministères en charge de la santé et de l’environnement, après concertation avec les différentes parties prenantes notamment le Groupe Santé Environnement (GSE) dirigé par sa Présidente, Elisabeth Toutut-Picard, et sur les recommandations émanant de différents bilans et rapports.

Dans le cadre du PNSE 3, les allergies aux pollens, la nature en ville et les créations de jardins thérapeutiques sont des pistes identifiées. Un groupe de travail Biodiversité est créé par le GSE.

Le Gouvernement a publié le PNSE 4 le 17 mai 2021, dans un décor morose de pandémie mondiale. Le nouveau plan s’intitule « Un environnement, une santé », non sans rappeler le concept « One Health » qui implique une nouvelle approche, une mise en relation des différentes parties prenantes et surtout une Gouvernance forte pour garantir une fluidité et efficacité d’actions. L’une des mesures phares, liée à la biodiversité, est de surveiller la santé de la faune terrestre et prévenir les zoonoses. Un groupe de travail « One Health » est créé.

Le PNSE 4 est appréhendée avec une meilleure articulation avec les plans sectoriels (perturbateurs endocriniens, qualité de l’air, biodiversité, etc.).

La responsabilité doit être partagée par tous. Chacun, à son niveau, citoyens, Elus, collectivités, entreprises, professionnels, chercheurs, doivent pouvoir agir pour un environnement favorable à toutes les santés. La mobilisation de toutes les échelles de territoires sera essentielle et une condition de réussite de ce plan.

Le secteur de la santé en France

Le Secteur de la santé est actuellement en pleine remise en question et mutation et a saisi l’opportunité médiatique du contexte de la COVID pour mettre en avant les conditions précaires dans lesquels exercent les équipes qui parlent de perte de sens. Pourtant, existe-t-il une plus belle et noble raison d’être que celui du secteur de la santé, prendre soin des humains ?

Le Secteur de la santé se lance actuellement dans le sujet du Développement Durable à travers de nouvelles règlementations, avant tout ciblées sur les enjeux climatiques. La dégradation de la biodiversité qui est pourtant à l’origine de la crise sanitaire subie actuellement, reste le parent pauvre.

Le récent SEGUR de la Santé dédie la mesure 14 à la question du développement durable : Accélérer la transition écologique à l’Hôpital et dans les établissements médico-sociaux.

Plusieurs axes sont définis :

  • Réduire les coûts de gestion des DASRI ;
  • Expérimenter des projets pilotes pour mettre fin au plastique à usage unique dans la restauration collective et réduire le gâchis alimentaire dans les hôpitaux et les EHPAD.
  • Évaluer les besoins en termes de rénovation énergétique hospitalière et du secteur médico-social, et de renforcement parasismique des établissements de santé dans les Antilles, et mobiliser les financement issus du plan de relance européen.
  • Introduire une règle « verte » pour contribuer, grâce au plan de relance, au finance-
    ment des travaux de rénovation thermique des hôpitaux et des EHPAD.

Dans ce cadre, le ministère des solidarités et de la santé, la CNSA et l’ANAP ont lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) en vue de financer un réseau de conseillers en transition énergétique et écologique en santé (CTEES) qui auront pour mission d’accompagner un ensemble d’établissements dans les actions menées pour réduire leur empreinte carbone.

Par ailleurs, la H.A.S. renforce ses intentions à travers le nouveau référentiel de la certification des établissements de santé via le critère désormais obligatoire 3.6-04 : « les risques environnementaux et enjeux du développement durable sont maitrisés ».

L’établissement doit contribuer aux enjeux du développement durable en adaptant son projet d’établissement et son fonctionnement pour tenir compte de son impact social et environnemental tout en garantissant une soutenabilité économique. L’établissement qualifie ses principaux projets à l’aune de ces trois enjeux en consultant les parties prenantes. En particulier, sur l’enjeu environnemental du développement durable, cette prise en compte vise à améliorer l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables, mesurer et réduire les émissions de gaz à effet de serre, préserver la ressource en eau, développer la mobilité durable, prévenir, trier et valoriser les déchets et préserver la biodiversité.

Source : has-sante.fr

Les Fédérations hospitalières s’engagent actuellement également dans une démarche de RSE. Les associations, comme l’ADH, se mobilisent également.

Dans les cursus de formations, le sujet du Développement Durable est peu ou pas abordé. Il conviendrait d’injecter ce sujet pour sensibiliser aux enjeux globaux et faire évoluer les métiers pour intégrer les bonnes pratiques au sein des différents métiers.