IMPACT DES MEDICAMENTS SUR LA SANTE

Quand les médicaments sont sources de nuisance pour la biodiversité et l’humain

Les pratiques de soins entraînent une utilisation importante de substances pharmaceutiques dont une partie des résidus se retrouve dans les milieux naturels, et potentiellement de nouveau ingérée par l’humain via son alimentation. La France est le premier pays consommateur de médicaments à usage humain au sein de l’Union européenne.

Plusieurs voies de contamination de l’environnement sont possibles :

  • Rejets des hôpitaux, considérés comme « points noirs » pour ce type de pollution compte tenu du volume de substances administrées quotidiennement lors des soins : anesthésiques, anticancéreux, antibiotiques, … ;
  • Rejets par excrétion via les réseaux d’assainissement suite à l’utilisation par le patient à leur domicile. L’augmentation des hospitalisations à domicile favorise ce cycle (impact majeur) ;
  • Rejets directs des médicaments non utilisés via les déchets ménagers. Très peu seraient volontairement rapportés dans les pharmacies (impact significatif) ;
  • Pertes et rejets lors de la fabrication (faible impact).

L’eau de surface est le milieu le plus concerné par les pollutions de résidus médicamenteux. Malheureusement, les stations d’épuration urbaines n’ont pas été conçues pour traiter spécifiquement des composés organiques à l’état de traces comme le sont les médicaments. Le milieu récepteur et sa capacité de dilution est sensé jouer un rôle majeur.

Les sols peuvent être contaminés directement dans les pâturages par les déjections d’animaux traités par des médicaments vétérinaires, mais aussi par l’épandage sur les champs des boues des stations d’épuration ou des fumiers et purins produits par les élevages.

schema le Circuit du médicament (source : ouvrage notre santé et la biodiversité, Buchet-Chastel, 2013)

Les préoccupations majeures concernent :

Pour l’humain :

  • leur présence dans des eaux destinées à la consommation humaine et par conséquent leur possible impact sur la santé humaine ;
  • Certains résidus de médicaments ont des propriétés de perturbateurs endocriniens ;
  • Limitation de la quantité alimentaire disponible ;

Pour l’environnement :

  • les conséquences liées à la présence de résidus de médicaments dans les boues des stations d’épuration qui, après épandage des boues au sol à des fins agricoles, pourraient entrer dans l’écosystème via les eaux de ruissellement ;
  • les impacts chroniques sur la biodiversité, par exemple les perturbations de la reproduction chez certaines espèces. Le phénomène de « féminisation » des poissons confirme le risque.

Le risque environnemental n’était pas pris en compte pour les médicaments vétérinaires avant 1999, 2006 pour les médicaments destinés aux humains. Les principales actions menées par les politiques publiques portent en priorité sur la connaissance de la présence de ces résidus dans les milieux et sur l’évaluation de leurs effets. Le plan national résidus de médicaments (PNRM) a été créé en 2010 et intégré dans les PNSE 2 et 3. Parmi les solutions règlementaires ou autres, notons :

  • Réduction de l’impact d’un médicament sur l’environnement. ;
  • Réduction de consommation (usage humain et vétérinaire) ;
  • Amélioration de leur élimination ;
  • Incitation à la « chimie verte », c’est à dire de nouvelles molécules biodégradables ;
  • Intensification des analyses d’impact.

Source : Eaufrance, ADES. Document DATALABEau et milieux aquatiques 2020. OFB